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INITIATION PAR LE FEU

La souffrance, les pertes & Les deuils

La principale raison qui m’incite à transmettre quelques-unes de ces mésaventures très personnelles est celle de répondre une fois pour toute aux questions reçues sur ces événements passés et m’éviter ainsi d’y revenir à nouveau. Donc, si vous lisez cet article, c’est peut-être que je vous y ai référé.

Autrement, alors que vous allez au plus mal, avez-vous déjà reçu ce désespérant commentaire : « Je ne m’inquiète tellement pas pour toi ! » ? Pour ma part, trop de fois entendu, nombreuses ont effectivement été les personnes croisées sur ma route qui, observant ma joie naturelle, déclamèrent que j’avais très certainement eu une vie facile et dénuée de tourment. De plus, comme mon allégresse fut quasi un reproche chez certains de mes plus infortunés clients, et à nouveau parce que je ne veux plus raconter tout cela et espérant que le récit suivant puisse s’avérer pour plusieurs aussi utile que rassurant, voici en partage un très bref aperçu de ces neuf années de deuils, de pertes, de solitude et d’innommables douleurs physiques dignes des plus cruels initiations par le feu.

Je me dois d’ajouter que si j’ai vécu et vaincu l’épreuve de boire à la coupe de l’amertume, croyez bien que je n’en éprouve ni fierté ni orgueil. Bien au contraire, ce passage obligé m’a laissé en héritage celui d’avoir encore plus d’empathie pour la souffrance humaine, entre autre celle qu’éprouve souvent le chercheur spirituel dans sa quête de libération.

À cela, s’ajoute une compréhension plus aiguë des lois d’attraction, de résonnance vibratoire, de karma, de causes à conséquences des croyances limitantes, de la programmation individuelle ou de celle de l’humanité.

SVP, petite note importante, notez bien que la libération n’a pas à être douloureuse. Pourtant, sachez qu’elle l’est, aussi longtemps que l’on se croit enchaîné, aussi longtemps que nécessaire...

Enfin, un grand merci sincère, à tous ces liens, coupés ou passés, qui m’ont été d’étonnantes sources d’Éveil. Vous avez été mon inspiration, mes maîtres et mes gurus.

Merci également du fond du cœur à ceux et celles qui rayonnent aujourd’hui autour de moi. Vous êtes les soleils de mon existence.

Et bienvenue à tous ceux qui marchent et marcheront un jour avec moi. Vous êtes la raison même de la continuation de ma vie sur Terre.

Pour chacun de nous, la vie est loin d’être toujours facile et c’est effectivement davantage notre attitude devant les événements qui fera notre bonheur ou notre malheur. Mais pour certain, il advient que semble s’acharner le destin. On se relève, un sourire aux lèvres, encore et encore, un peu plus sonné chaque fois, jusqu’à recevoir le « coup de grâce » jusqu’à cette sensation d’en crever, et parfois on en crève. Or, comme le chante si bien Eric Clapton: « Nobody knows you when you’re down and out », ou, dit autrement, les gens dédaignent les faibles et les perdants...

C’est plus particulièrement à partir de mon retour au Québec, en février 2011, après 7 ans de travail hors du pays, que mon ego, ma personnalité et tout ce que nous pouvons considérer comme mon « je », eu à traverser une série d’épreuves psychologiques et physiques « extra-ordinairement » difficiles.

Trois semaines après mon retour chez moi, je me foulais une cheville au 3e degrés en marchant dans un trou caché par un tapis, chez mes parents. Il me fallut plus de six mois pour marcher à nouveau sans contrainte. Puis, entre le 25 mai et le 2 juin 2011, donc en 9 jours à peine, Belle mourut, ma fidèle compagne féline depuis 19 ans, trois jours plus tard et en ma compagnie, ma mère eu un ACV (ATI) qui me fit accourir à l’hôpital et y passer la nuit, puis le lendemain l’institution m’obligea à placer mon père qui souffrait d’Alzheimer ce que je vécue comme une horrible trahison à son endroit, 2 autres jours plus tard, ma sœur Suzie, mon ainée de 2 ans, chez qui je passais tous mes weekend depuis mon retour au Québec, reçue un diagnostic de probable cancer de l'estomac avancé, le lendemain, étant toujours chez mes parents, je reçus un appel de mon amie Sylvie, qui m’annonçait avoir été informée le jour même d’un diagnostic de cancer terminal. Neuf jours d'horreur, qui annonçaient sans doute déjà les 9 années d'enfer à suivre. C’est donc sans aucune hésitation que je passai la majorité de l'année suivante chez mes parents ponctuée de visites à ma soeur Suzie et à mon amie Sylvie. Mais, ce n’est qu’en octobre que tomba l’irréfutable pronostique de condamnation à mort pour ma sœur. Elle qui était si certaine de guérir... On lui donnait un sursis maximum de 3 mois. À partir de ce jour, et à sa demande, je vins la voir tous les weekends. Six mois plus tard, épuisée et impuissante, elle me demanda de demeurer près d’elle. J’accourus sans autre pensée que celle de lui offrir mon soutien nuit et jour.

Il y avait eu d’abord, comme pour me préparer à affronter la mort, la perte de « Belle » ma féline compagne pendant 19 années, puis vinrent, un à un. les disparitions des 9 personnes les plus importantes de ma vie, soit la séparation obligée avec mon conjoint qui retournait dans son pays natal, suivi des décès successifs de ma sœur, de mon père, de ma mère et de mes deux adorables amies de longues dates. À cela s’ajouta rapidement la fuite des trois femmes que je considérais depuis plus de 15 ans comme mes meilleures amies, mais furent bien incapables de supporter les fléaux qui semblaient s’acharner sur moi. Comme me dira l’une d’elle six jours après le décès de ma mère : « Je choisis la joie et la légèreté ». Bien sûr, mes « amies » avaient connu une « moi » chaleureuse, pétillante de vie, de projets et de joie, alors qu'elles avaient sans doute l'impression que je ne leur apportais maintenant que l’angoisse d’être contaminées par mes malheurs récurrents.

L’un de ces malheurs, et non le moindre, eut lieu dans la nuit du 14 au 15 juin 2012. J’avais pressenti le décès de mon adorable sœur qui luttait depuis contre un cancer de la pire espèce. Or, comme je n’avais fait que prendre soin de mes parents, ma soeur et mon amie depuis une année entière, je sentis que je devais prestement reprendre des forces et refaire le plein d’énergie afin d’affronter les mois à venir. Suite à un appel à tous pour trouver une compagne de voyage, j’acceptai de suivre Sylvie, ma bonne amie depuis 22 ans (qui décédera aussi d’un cancer fulgurant en 2014). Elle devait se rendre au Honduras pour rencontrer Wilma, sa copine dentiste, et en profiter pour recevoir des soins à petits prix. Toutefois, Sylvie eut un imprévu et ne se présenta tout simplement pas à l’aéroport. Je partie donc seule pour la toute petite Île de Utila où Wilma m’accueillit à bras… et portefeuille ouvert ! 

Wilma Galeano ne devait faire que quelques réparations mineures sur mes dents. Mais le ventilateur devant ma bouche ouverte contribua à m'offrir mon unique pneumonie à vie! Brûlante de fièvre et sous antibiotique, Wilma insistait pour poursuivre son travail (je vous épargne les détails de cette effroyable histoire). Elle intervint donc, sans mon consentement, sur 16 de mes dents qu'elle lima tant et si bien qu'il fallut procéder à la pose de 16 couronnes par des dentistes venus du continent, car Wilma n’avait pas cette compétence! À cela elle ajouta deux traitements de canal dont je n’avais absolument pas besoin et que je dus d'ailleurs faire refaire au Québec - à grand frais - l’un après l’autre suite à de douloureuses infections. Dès lors, mon corps physique, qui, jusqu’alors, avait toujours jouit d’une santé exemplaire, se transforma en un pauvre corps noué par l’inflammation et d’innommables douleurs pour les 9 années à venir.

Au retour de mes "vacances", en fin mars 2012, je me retrouvais avec une occlusion dentaire catastrophique ce qui généra de très sévères maux de tête et bien d’autres douleurs constantes et quotidiennes. Neuf mois plus tard, n’en pouvant plus, je dû payer plus de 20,000$ au Québec pour refaire les 16 couronnes. Bien que cette fois-ci les couronnes étaient magnifiques, l’occlusion, elle, restait terriblement mauvaise (mes dents ne fermeront pas ensemble durant 9 années!). Mes dents demeuraient douloureuses, en constante inflammation, ce qui engendra d’importants problèmes de santé, de nombreux abcès dentaires, des irritations musculaires généralisés, sciatique paralysante, capsulites aux deux épaules pendant 2 ans, huit extractions dentaires suivies de cinq alvéolites, d'une interminable péricardite aiguë (l'enveloppe de mon coeur se décolla des deux côtés) après l'extraction d'une dent de sagesse, bref, je disais parfois, avec ce qui me restait d’humour, que j’étais devenue hyper populaire puisque je ne faisais que des « hits » !

Pendant ce temps, ma famille et mes amies se décimaient, je courrais après le peu d'énergie que j'avais et je multipliais les visites chez les spécialistes en tout genre. Il va sans dire que pour affronter ces douleurs et ces deuils, la spiritualité, le discernement et la clairvoyance sur ce qui ne peut être vu par l’œil humain, contribuèrent fortement à me garder… en vie. C’est aussi entre septembre 2011 et septembre 2012 que je réalisai les intenses pratiques spirituelles quotidiennes - plus de quatre heures par jour - ce qui me valu d’être reçue professeure Acharya du Kriya yoga de Babaji.

Des expériences d’amour intense

Dans un faible sourire, avec sa douce voix et ses yeux vert suppliants, ma sœur de 2 ans mon ainée, qui vivait ses dernières semaines sur Terre, me répétait souvent ces simples mots : « Parle-moi ». Elle voulait que je lui parle de cet ailleurs meilleurs où vont les âmes immortelles, elle voulait être rassurée. Évidemment, je m’exécutais, m'oubliant totalement, le cœur serré d’un trop plein d’amour, terrifiée à l’idée de la perdre, je réussissais tout de même à lui transmettre une confiance absolue en cette Source lumineuse où rien ne meurt jamais.

Je répondis à toutes ses demandes jusqu’à cette nuit du 14 au 15 juin 2012, à 3h20, où, étendue au pied de son lit, j’entendis sa respiration ralentir et ralentir encore, et encore, jusqu’à ce que, impuissante, je la vis s’éteindre en expirant lentement. Oh ! Combien me dire la chance et la bénédiction que j’avais eu d’accompagner ma sœur d’amour jusqu’à son grand départ. Oh ! Combien je peux vous dire que cette Grâce fut de loin la plus intolérable douleur de ma vie ici-bas, et c’est peu dire sachant ce qui m’attendait encore. Incapable de bouger et encore moins de transmettre l’innommable nouvelle à ma mère et à mes soeurs qui dormaient dans les chambres adjacentes, je restai là, au pied du lit de Suzie, assise en tailleur, en état de choc, jusqu’au bout de la nuit, à répéter, comme dans un transe profonde, son mantra de guérison préféré. Et même lorsque je sentis sa présence en un grand courant d’air froid sur mon bras gauche (oui, la porte et la fenêtre étaient closes), je poursuivis, sans jamais m'arrêter. C’est à 7h du matin, que maman entra lentement dans la chambre avec un doux sourire pour venir aux nouvelles. Comment peut-on dire à une mère que son enfant est mort ? À nouveau je ressentis le poignard de l’impuissance lorsque, à la vue de mon signe de tête négatif, je vis son visage s’effondrer et son sourire disparaître pour longtemps. Sa fille adorée n’était plus.

S’ensuivirent deux années d'abnégation totale de ma part où mes parents devinrent le centre de mon existence. J’aimais tendrement mon père, si joyeux, si généreux, si aimant. Bien sûr, je connaissais bien son caractère qui le faisait parfois s’impatienter lorsqu’il était nerveux, toujours à cause de son commerce et de son travail. Mais, plus que tout au monde, je savais qu’il portait en lui une infinie bonté, celle-là même qui faisait briller ses yeux, éclairant son regard d’une scintillante et chaleureuse lumière. Je savais aussi qu’il m’aimait. Moins de deux ans après le décès de ma soeur, le matin du 14 mars 2014, je me trouvais chez ma mère où j’avais passé la nuit en compagnie de mes deux sœurs cadettes. Le petit-déjeuner n’en finissait pas et mon intuition me disait qu’il y avait urgence. Incapable de me contenir plus longtemps, il me faillait partir au chevet de mon père. Au moment où j’annonçai mon départ précipité, l’une de mes sœurs demanda à m’accompagner. La plus jeune présentait un début de grossesse et était défendue d’entrer au centre de soins prolongés afin d’éviter toute contagion microbienne possible. Elle nous suivrait donc sous peu avec maman. À notre arrivée, papa était inconscient. Il avait été isolé dans une petite chambre, tout au bout du couloir, car il avait, semble-t-il, contracté un virus de grippe et on lui avait administré une forte médication. Dès que je fus en présence de mon paternel, je sentis le calme revenir en moi. Tante Claire, sœur de papa, était présente et nous nous plaçâmes, toutes trois, autour de lui. J’étais silencieuse, à la tête du lit. Intuitivement, du bout de mes doigts, je commençai à masser doucement, dans le sens des aiguilles d’une montre, le petit vortex spiralé situé au-dessus de son crâne, quelque part dans son abondante chevelure jadis noir de jais. Je poursuivis ainsi pendant une dizaine de minutes, les yeux fermés, sereine, concentrée à la fois sur sa respiration et sur la mienne. Soudain, je sentis un vent très froid passer directement dans ma main. Stupéfiée, j’ouvris prestement les yeux en murmurant : « Il est sorti ! Il ne respirera sûrement plus ». Ce fut exact. Papa avait quitté son corps et s’en était allé… en me passant dans la paume de la main.  

Une expérience d’éveil

Le soir du 24 juin 2014, je vécus une expérience transcendante aussi inattendue que déstabilisante. Alors que, bouleversée et affaiblie par trop de deuils de parents et d'amies, je pleurais amèrement la fin du visionnement de la première télésérie de toute ma vie (oui, comme on pleure lorsque s’achève une histoire d’amour, puisque j’avais développé en trois mois à peine un fort attachement avec les personnages de la série «Lost» qui étaient devenus - bien inconsciemment alors - mes meilleurs amis). Ma conscience fit soudainement un bond quantique et me révéla brusquement que tout était irréel. À travers mes larmes, j’entendis très distinctement une voix me dire : «Tout cela n’est qu’illusion». Instantanément, j’eu l’impression de me réveiller d’un profond sommeil, comme si j’avais été secouée par une force invisible. Oui, les personnages de cette télésérie étaient totalement irréels, mais je voyais également soudain, avec une indéniable lucidité, à quel point le passage de notre vie sur Terre est tout aussi illusoire considérant l'importance donnée à notre égo.

Ma condition d’égo identifié à mon propre personnage éclata brusquement en morceaux et je vis clairement que je n’étais pas cette femme larmoyante concentrée sur ses pensées, que je n’étais pas cette femme, que je n’étais d’ailleurs aucun de ses masques ou de ses traits de personnalité. J’eus alors un grand éclat de rire et je compris instantanément ce que d’autres avant moi avaient compris dans un instant de pure Réalisation. Dans un état d’extase absolue, il me fallut sortir à l’extérieur de mon appartement, ce dernier ne pouvant contenir la vastitude soudaine de ma conscience. Aux environs de minuit, je marchais ainsi dans les rues de Montréal, le sourire aux lèvres, le cerveau illuminé, assurée d’avoir reçu une indéniable révélation, sans savoir à qui partager ce qui me semblait énorme à soutenir pour ma seule conscience : Je savais que mon « je » était un mensonge, que ce monde était un mensonge. Je savais ! Notons que plus tard, plusieurs autres puissantes expériences d’éveil m’apporteront la connaissance... d’autres réalités.

Trois mois plus tard, Sylvie, mon amie depuis 22 ans, quitta ce monde alors que j'étais à l'hôpital, seule auprès d'elle. Et je suis restée là, à lui parler, à la veiller, durant plus de trois ou quatre heures, jusqu'à ce que l'odeur de la mort soit trop forte, jusqu'à ce qu'ils durent mettre le corps au frais. Sylvie n'avait aucune famille et ses deux ex-conjoints, que j'attendais et qui n'arrivaient pas, avaient préféré se rendre directement à sa maison pour y fouiller son coffre-fort bien garni. C'est ce qui fut, pour moi, le plus difficile à intégrer.

Décès de maman

Je n’y ai pas cru. Il n’en était pas question! Déjà trop de pertes. D'ailleurs, l’année précédente, ma mère s’était acheté un appartement au 3e étage d’un immeuble sans ascenseur. À 80 ans, elle nous enchantait par son incomparable énergie et son rire sonore et cristallin qui nous faisait rire même sans savoir pourquoi. En fait, sa détermination, ses longues marches quotidiennes et son indéfectible optimisme nous avaient tous convaincus qu’elle était... éternelle ! 

L’ai-je déjà dit ? Notre mère ne se plaignait jamais. Elle était également très loin d'être de tempérament émotionnel. Aussi, couplé à mon déni absolu,  je ne ressentis pas l’urgence de sa détresse, ni ce jour-là ni les deux semaines qui précédèrent son décès.

Maman m’avait appelée me disant d’une voix éraillée ressentir un puissant état de faiblesse général, mais qu’elle voulait simplement prévenir quelqu’un au cas où on la retrouverait morte. « Très drôle » lui répondis-je ! Après avoir promis de la rappeler rapidement, je m’activai à trouver un garage afin de faire réparer ma voiture, car le frein de la roue droite arrière était resté collé, ce qui m’empêchait de partir la rejoindre. Deux heures plus tard, dans la salle d’attente du garage qui terminait la réparation de mon véhicule, je reçus l’appel de la plus jeune de mes sœurs m’informant que notre mère était rentrée d’urgence en ambulance à l’hôpital de Joliette. 

Durant plus d’une semaine, les médecins la traiteront pour une gastroentérite nous obligeant à revêtir masque, gants et tablier. Pourtant, Maman me dira souvent : « Je suis sûr que je n’ai pas une gastro ! » et je la croyais…. mais pas eux. La 2e semaine de son séjour se passa en multiples tests qui ne décelèrent rien d’autre qu’un simple vertige positionnel bénin, ce qu'elle avait d'ailleurs expérimenté plus d'une fois dans sa vie. Je vins encore passer tout le weekend avec elle pour lui tenir compagnie, lui apporter quelques revues, de l’ananas fraichement coupé et la recoiffer encore et encore afin de soutenir ce qui lui restait de fierté. Le dimanche soir du 2 avril 2017, parfaitement remise, alors qu’elle mangeait de bon appétit, un jeune homme médecin, aussi grand qu'arrogant, vint la voir et, devant moi, lui annonça que tous les tests effectués étaient revenus négatifs, qu'absolument tous ses organes allaient très bien et qu’il allait programmer sa sortie pour le mercredi, dans trois jours, soit après un tout dernier test pour les glandes surrénales prévu pour le mardi, dans une ville voisine, à Sherbrooke. J’étais rassurée et ravie et, avant de la quitter, je lui dis que, le dimanche soir suivant, nous serions à regarder ensemble son émission de variétés préférée, chez elle, dans son salon. Elle me regarda en souriant sans rien dire. Elle, qui m’avait dit avoir rêvé de l’ange de la mort venue signer sa poitrine d’une croix, se savait-elle déjà condamnée ?

Le lendemain, le lundi, ma mère rassura mon frère en lui disant qu’elle allait très bien et le somma de ne pas venir la voir, ce qu’il faisait chaque soir depuis plus d’une semaine. Elle lui ordonna de s’occuper plutôt de sa femme et ses enfants. C’est ce soir-là, en tentant d’utiliser pour la première fois la marchette recommandée par le personnel de l’hôpital, que maman tomba au sol, se cogna violemment la tête et perdit connaissance. Ce sont les infirmières qui la ramena dans son lit où elle repris conscience. Dans les trois jours qui suivirent, mon frère et ma plus jeune sœur lui rendirent visite. Mais on ne m’informa pas que son visage et son front étaient totalement tuméfiés, que ses yeux étaient noircis par l’accumulation de sang et qu’elle était terriblement affaiblit. De plus, l’hôpital ne fit aucune investigation sur les blessures de notre mère et, jusqu’à ce qu’il fut trop tard, personne ne comprit qu’elle souffrait d’une hémorragie sous-durale traumatique causée par sa chute. Pour ma part, je ne devais revenir que le vendredi pour un 3e  weekend en sa compagnie. C’est donc le vendredi 7 avril 2017 vers 9h, alors que j’étais dans ma chambre à me préparer pour partir et que je venais à peine de répondre au téléphone de ma plus jeune sœur, que je reçus l’appel de mon frère sur la 2e ligne. Avec une voix grave d’outre-tombe, il nous demandait de venir immédiatement à l’hôpital, spécifiant que le médecin venait de l’appeler et qu’il y avait urgence. 

Non ! Il n’en était pas question. Maman devait venir passer l’été avec moi, dans ma nouvelle maison et j’anticipais sa venue avec tant de joie ! Je voulais tant que nous puissions rattraper toutes ces sept années où j'avais été absente, et nous avions déjà planifié découvrir ensemble les boutiques voisines et, qui sait, même lui trouver un amoureux. De plus, elle n’avait pas encore vu mon immense bibliothèque dans ma nouvelle maison et je savais à coup sûr qu'elle adorerait. Elle n’avait pas vu non plus ma nouvelle table de salon, une création sculptée à la main en une imitation d'une planche de Ouija, que j’avais acheté en son honneur. Bref, cela ne pouvait être. Je me souviens être tombée assise sur mon lit et y être demeurée plusieurs minutes après avoir raccroché. Après les récents décès de ma sœur, de mon père, de Sylvie après avoir subi la perte de tant d’amies, mon cerveau refusait cette nouvelle donnée. Je suis entrée dans la douche, comme un zombie et j’ai pris le temps de faire ma petite valise. Sur la route, je me souviens avoir constaté mon état : j’étais calme mais totalement « absente ». À mon arrivée, je vis le visage de ma mère, presque noir du front jusqu'au milieu du visage, à peine reconnaissable. Inconsciente, sa respiration était forte et beaucoup trop rapide. Je me suis approchée d’elle jusqu’à coller ma joue contre la sienne et, à l'instant où je lui parla au creux de l’oreille, sa respiration se calma. Elle m’entendait. Je lui soufflai quelques paroles de réconfort, la rassurant sur notre présence et l’arrivée imminente de ma sœur qui demeurait dans la province voisine. 

Pour la première fois de ma vie, là, mon visage blotti contre le sien, je compris soudainement et tout d’un bloc pourquoi cette femme-là et pas une autre avait été ma mère. J'avais été une enfant introvertie hypersensible, elle une extravertie hyperactive. Mais à cet instant, tous mes reproches intérieures pour son manque de sensibilité et l’absence de geste d’affectueux s'envolèrent. Et je compris qu'elle avait été ma mère pour être mon modèle de force et de combativité. Enfin, on ne sait ni comment ni pourquoi, je sus qu’elle partirait vers la même heure que ma sœur Suzie, au milieu de la nuit. Ce qu’elle fit. Elle s’éteignit tout doucement, sans nous dire au revoir. Elle quitta cette vie le 8 avril 2017, sans avoir été vieille, sans avoir été malade, sans dépendre de qui que ce soit, exactement comme elle l’avait toujours voulu. Ce fut bien là notre seule consolation...

Peu de temps avant le décès de maman, dans la chambre où notre mère se mourrait, une femme docteure vint nous voir, mes deux soeurs, mon frère et moi-même. Et, alors que nous étions tous atterrés, sans aucune capacité de réflexion, elle nous dit que notre mère "serait morte de toute façon" puisqu'elle avait un cancer du dos... Un cancer du dos??? Hélas, j'étais dans un tel état de faiblesse, sous antibiotique et venant tout juste de subir une extraction dentaire, que je n'eue pas la force de réagir, même si je ressentais, et que je voyais dans ses yeux, qu'elle mentait. L'hôpital se protégeait sans doute, et jamais nous eûmes la preuve de ce cancer apparu miraculeusement cinq jours après que notre mère ait reçu, devant moi, des résultats parfaits à tous ses tests passés.

Au funérailles de maman, devant une église pleine à craquer, je dis à voix haute qu'à nouveau j'avais le coeur brisé. Une semaine plus tard, l'ambulance m'amenait d'urgence à l'hôpital car les parois de mon coeur s'étaient décollées des deux côtés : péricardite aigüe. La cardiologue me dira que c'était sans doute à cause d'un virus s'étant frayé un chemin grâce à cette grosse molaire récemment arrachée. Bref, je ne m'en remit jamais complètement.

En novembre 2018, six ans après avoir avoir fait refaire par mon dentiste du Québec les 16 couronnes du Honduras, ma malocclusion dentaire était telle que l'inflammation gagna tout mon corps. J'avais mal partout et j'arrivais à peine à marcher. Après six années de supplication, mon dentiste accepta enfin de refaire les couronnes du bas, mais en prenant les empreintes, trois couronnes se décollèrent. Enfin, il me prenait au sérieux! Durant les deux années et demi qui suivirent, on m'arracha sept dents remplies de bactéries, ce qui me causa cinq alvéolites, l'une des pires douleurs au monde. On me fixa ensuite sept implants. Deux ans plus tard, toujours dans l'attente des couronnes, la malocclusion étant encore pire, plusieurs dents qui s'entrechoquaient quotidiennement durent subir des traitements de canal, un apectomie avec six points de suture sur ma gencive supérieure, et bien entendu, ce que je n'avais pas vu venir, mais qui tombe sous la logique à force d'interventions dentaires, une forte inflammation des nerfs du trijumeau... autre douleur répertoriée comme les pires qu'un humain puisse endurer.

Au sortir de ces neuf années d'épreuves et de douleur en continue, je reste souvent surprise d'être encore en vie. J'ai rédigé mon testament tant de fois, doutant de mon réveil le matin venu. Et je m'étonne encore de mon corps sans douleur et du retour fréquent de ma "joie pas d'raison". D'une part, il semble que ma vigilance et ma persévérance pour une diète anti-inflammatoire, les innombrables tisanes reminéralisantes, le soleil, le sommeil, et tous ces suppléments alimentaires en vitamine D, calcium, magnésium, zinc etc., m'ont apporté leurs bénéfices. D'autres part, il est plus que certain que c'est mon espoir indéfectible que, un très beau jour, j'allais sortir de ce long tunnel, qui m'a aidé à continuer, à ne pas lâcher. Ainsi je dis : "Si l'espoir fait vivre, l'action est la vie". Et comme disait Rumi : " ... ne t’inquiète pas que ta vie soit sens dessus dessous. Comment sais-tu que le sens auquel tu es habitué est meilleur que celui à venir ?" Comme chacun de nous, chaque jour je tente de vivre au mieux et souvent, si souvent, j'ai eu la pensée qu'à force d'épreuve et de me relever, tel que le disait Ramana Maharshi, je dirai aussi : "Plus rien ne peut plus me déranger".

Il est temps d’achever le récit de ces expériences aussi pénibles que purificatrices et formatrices.

Je dois toutefois avouer que, autant par paresse que par manque d’intérêt, j’ai volontairement omis de mentionner de très nombreux obstacles professionnels, ainsi que de fortes et douloureuses épreuves affectives rencontrées lors de ce même cycle de bien plus que neuf années.

Et, incroyable mais vrai, pendant ces interminables épreuves où chaque mouvement était source d'épuisement, je n'en demeurai pas moins créative. Ainsi naquit mes projets du Processus CAPRI et des Kaléidoscope-Self, pour lesquels je mis des heures et des heures à recevoir, concevoir et perfectionner ce qui serait, après toutes ces années, le bébé que j'offrirais en partage. Neuf ans... un bien long accouchement!

C.A.P.R.I.

QU’EST-CE QUI A CHANGÉ POUR MOI ? Rien ne vaut ces années de méditation et de solitude obligée, pour pourvoir vous offrir aujourd'hui LE PROCESSUS C.A.P.R.I :

  1. Conscience & Connaissance des différentes facettes de sa personnalité, celles qu'on montre, celles qu'on cache, et celles dans l'ombre qu'on ne voit même pas.
  2. Attitude & Amour & Action pour accueillir ce qui est et ce qui vient dans notre expérience, mais aussi pour passer à l'action et répondre enfin à nos besoins.
  3. Pouvoir & Pièges car avec la connaissance et l'action ont obtient le pouvoir sur les forces de vie. Reste à maîtriser tous les pièges de l'égo qui tient tant à la vie.
  4. Réalisation & Rayonnement dans une infinitude extatique de CONSCIENCE CRÉATIVE.
  5. Intégration en continue, tel une spirale qui s’élève, de couches en couches, de plans en plans, toujours plus subtile, toujours plus étonnante par ses révélations, toujours plus de conscience cellularisée, fusionnée, intégrée.

Enfin, s’il peut parfois advenir que ce qui ne tue pas rende plus fort, il reste certain que c’est en s’appuyant sur le sol où nous sommes tombés que nous pouvons nous relever… Facile à dire, possible à faire !

Et c’est bien la grâce que je vous souhaite, puisque nul n’est ici-bas n’est totalement épargné.

LA BONNE NOUVELLE ? Les difficultés viendront toujours, mais elles ne durent pas éternellement car vient un jour où elles s’en vont, comme l’eau qui passe sous le pont.

La roue tourne l’ami… la roue tourne…

Alors réjouissez-vous des petites choses de la vie car un jour, lorsque vous regarderez derrière, vous réaliserez qu’elle étaient les grandes choses.

De même, soyez attentif à la personne près de vous car demain elle pourrait être la mieux placée pour vous tendre la main…

Très affectueusement ! Et au plaisir de vous rencontrer sur le chemin.

Josée Sylvestre

Jaya JnanaShakti

No de membre ANN : 7987

Limite de l'offre de services conformément à la loi 21 
Les services offerts par CAP Réalisation ne sont ni de la psychanalyse ni de la psychothérapie au sens de la loi 21 et n’ont pas pour but de remplacer les services offerts par les professionnels membres de ces ordres professionnels.

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